Ceci n’est pas un père.

Enfin, disons pour aller plus loin que le titre « clickbait » que ces images ne représentent pas tous les types de père. Une rapide recherche d’image sur un moteur de recherche célèbre vous donnera, avec tout de même quelques nuances de diversité, une image relativement standardisée du « père » : un père de classe moyenne, impliqué et serein dans sa paternité. On verra souvent ces marqueurs :

  • Il porte soit une chemise, soit un chandail très simple, toujours très propre.  Mais jamais de chandail d’une équipe de sport, ou avec un motif.
  • Il est soit bien rasé, soit avec une barbe bien taillée.
  • Il semble toujours reposé.
  • Il fait toujours des activités simples, sans beaucoup de matériel, ou alors avec des jouets éducatifs ou en bois. Mais il n’est jamais en train d’utiliser des jouets en plastique ou des gommettes.
  • Quand on le voit chez lui, c’est souvent dans un décor minimaliste chic, souvent d’un blanc immaculé.

 

Alors oui, évidemment, il faut prendre en compte l’harmonisation, la standardisation des photos, dont la plupart viennent de banque d’images, et qui doivent donc être relativement neutres, belles et « codifiées » pour mieux se vendre.

Cette nuance n’enlève rien à la critique de l’image du père renvoyée.

 

Car cette image, omniprésente, montre un modèle de père inatteignable. Déjà, évidemment, parce que tout le monde n‘a pas les conditions socio-économiques de la classe moyenne. Mais surtout, parce qu’elle met une pression, celle du « père parfait ». Elle disqualifie les pères qui n’arrivent pas à se garder (ni leur maison) propres, qui n’arrivent pas à dégager de disponibilité temporelle, mentale ou émotionnelle pour leurs enfants, qui parfois lâchent sur les écrans pour un temps de ressourcement.

Et c’est exactement ce que l’on fait subir… aux mères. La pression de la « mère parfaite » (pour ne parler que de celle-là) est en cours de déconstruction. Beaucoup d’articles de presse, de blogs, d’organismes communautaires ou de pages en parlent (et le font mieux que nous). Mais… si l’on est conscient des effets négatifs sur les mères, pourquoi alors vouloir faire tendre le modèle de paternité vers le même niveau de pression ?

 

À CooPÈRE Rosemont, nous travaillons à favoriser l’engagement paternel, pour une coparentalité égalitaire. En prenant bien garde à ne pas confondre engagement et pression (sans toutefois justifier le désengagement). Vaste question d’équilibre !

 

Ce plaidoyer pour une parentalité sereine (et donc pas parfaite) est un hommage à tous les pères en jogging, les mal rasés, ceux avec des taches sur le chandail, ceux dont la maison est en « bordel organisé ». Et à toutes les mères « tout pareil ».